Macabres retrouvailles

- J'ai aménagé une salle de sport dans l'appartement, si tu as envie de te dérouiller ou de perdre de la brioche.

Effectivement, rien de tel qu'une heure de rameur, de punching-bag, d'haltérophilie ou de vélo elliptique pour brûler des calories et se maintenir en forme, a moins que l'on ne préfère le tapis roulant ou les cibles d'entraînement a l'épée... Elyäné avait mis une année a mettre en place ce gymnase petit format, mais elle en était fière comme un coq et ne manquait pas de se défouler tous les jours de la sainte semaine.

-Ha, tant mieux. Ça ne sera utile car je sens qu'on marchera beaucoup moins dans ce monde pour se tenir en forme.

Je failli avoir peur quand les tranches de pain sortirent du grille-pain. La dernière fois que j'avais mangé des roties était il y as bien longtemps et en plus, elles étaient beaucoup plus brûlé que celles-ci.

- En effet, mais on ne peut pas dire qu'on se démène moins. Toutefois, Quirient est le pays le plus avancé technologiquement des cinq nations. Rayein, le pays rival, est assez loin, mais ils le compensent par la magie. Ces deux la se flanquent sur la tronche depuis des années, et les pays de Valsena et Belo-Kian les épaulent. Il n'y a que la nation de Mentalir qui est neutre a cent pour cent.

Effemmir était toutefois bien tombé. Il aurait pu arriver dans le seul pays neutre, mais il avait trouvé la personne la plus a même de l'aider en Quirient. Tartinant une quantité énorme de beurre de cacahouètes sur le pain fraîchement grillé, Elyäné lui expliqua en quelques mots la situation politique du monde. Un sacré bazar pour les nouveaux arrivants, diront certains. Ceux-la n'ont pas tort, mais bon...

J'avais un peu de difficulté à comprendre la politique de tous les pays mais j'avais tout mon temps devant moi et un bon déjeuner. Pour ce qu'il est de Gildas, il semblait de plus en plus s'impatienter à rien faire mais il écoutait quand même Ysabel pour ne pas frapper n'importe qui et faire une grosse bêtise.

-Moi tant que je peux frapper du monde une fois de temps en temps, chui heureux.
-J'aimerais mieux que tu te contrôle avec ces impulsions de violence, nous ne sommes plus dans un monde de barbare. La communication est une arme bien plus efficace quelques fois.
-Mais rien ne vaut une bonne baffe pour remettre quelqu'un à sa place!

Décidément, il ne changera pas. J'ai beau lui dire que c'est mal de s'acharner sur quelqu'un à coups de poing mais il aime ça, ce n'est pas de ma faute.

- Enfin, tant que t'es assez intelligent pour ne pas aller mettre ton nez la ou il ne faut pas, tu n'as pas de souci a te faire.

Comme partout, savoir fermer sa bouche était une qualité qui ne nuisait a personne, et la, ca ne faisait pas exception dans ce pays ou ce monde. Alternant gorgées de café et bouchées de pain brioché recouvert de beurre de cacahouètes, Elyäné oublia une minute son interlocuteur pour engloutir son petit déjeuner a une vitesse que certains auraient jugée inhumaine, mais rien a faire. Cela lui rappelait le vieux grincheux qu'elle avait failli cogner lors de la phase de test du Kay, dans la pizzeria ou elle avait fêté le succès du test avec sa team. Un vieux dingue, mais pas mauvais. Enfin, la n'était pas la question.

Je m'arrêta quelques secondes seulement pour regarder Élyäné manger. Je trouvais ceci très drôle qu'elle engloutisse aussi vite son déjeuner et qu'elle soit aussi distingué en complet. Elle as beau être l'une des femmes la plus intelligente de ce monde mais il reste quand même en elle un petit air bestiale. J'en étais bouche-bée et je me retenais aussi de rire. Je me remit à mon repas. Je mangeait vite mais pas autant que ma co-locataire.

-T'as pas peur de t'étouffer avec la vitesse que tu bouffe? T'as développé une technique ou quoi?

Moi je fermais ma trappe mais il fallait toujous que Gildas en rajoute à chaque choses étranges ou sur ce qu'il n'aime pas.

- Gnon, ch'ai touchours manché a chette viteche!

Même si elle se retenait en public, Elyäné mangeait a une vitesse que certains jugeaient impossible tant elle était élevée. C'était simple : il lui fallait cinq minutes pour un repas complet! Sa mâchoire et son estomac fonctionnaient toujours a plein régime! Et elle ne s'était jamais étouffée ou quoi que ce soit.
Incroyable. Même Isabel ne comprenait pas comment elle s'était débrouillée pour manger aussi rapidement...

-Tu devrai aller faire des concours de bouffe avec les hobbits. Je suis sûr que tu les batterait même ils font 8 repas en une journée...Si ce n'est pas plus...Ta machoire doit se disloquer ou bien dans un broyeur dans l'oesophage car je voit pas comment tu peut bouffer plus vite que ça.
-Ça va aller Gildas, arrête de l'énerver.

J'étais mieux de lui couper la parole avant qu'il continue à dire des conneries du genre.

- Déja fait. Il y avait une Semi-Homme dans mon ordre de chevalerie et il y a deux professeurs Semi-Homme a l'université. Quand on mange ensemble, les cuisiniers du restaurant se font des injections de caféine pour tenir la cadence! Wouuuuuuuuuuh!

Il fallait s'y attendre que les pauvres cuistots devaient avoir des poussées de suicide!Elyäné avait un trou noir en guise d'estomac et les hobbits étaient les morfales les plus impressionnants qui pouvaient exister de par le monde. Ces trois la devaient manger a eux seuls autant de nourriture que 100 personnes!

- En parlant de ca, j'ai des cours a l'université demain. Ca te tenterait de venir voir?

-Eh bin ça alors....

Gildas était resté étonné que Ysabel avait déjà fait une de ses idées. Elle venait surement de monter dans son estime. Je fini ma rotie et répondu.

-Je serais très heureux de venir à tes cours demain.
-Même si tu conprendra rien.
-Je sais ça, mais je vais y aller quand même. Ça l'air intéressant.

J'étais aussi impressionné qu'elle ait des cours à travers ses heures de travail. Elle doit avoir une semaine très chargée.

- Les cours ne sont heureusement pas a modifier tout le temps, mes étudiants ne sont pas encore assez calés pour faire de la recherche et manipuler des théories qui n'en sont encore qu'au stade expérimental. On leur donne la base de la base, pour ainsi dire.

En effet, vu que les classes les plus élevées ne comportaient que trois ou quatre élèves et les premières années plus de deux cents élèves, Elyäné préférait leur donner la meilleure base possible au cas ou ils devraient aviser un changement d"orientation. Nul besoin de continuer jusqu'à docteur pour bosser en robotique, et la plupart s'arrêtaient avant. Ce qui n'était pas un reproche, car arriver au rang de doc' nécessitait une ténacité et une intelligence supérieures a la moyenne. Ce que la plupart des gens n'avaient pas.

- Et si c'est trop suant, fais semblant de dormir, héhé.

-Je vais essayer de rester éveillé le plus longtemps possible. La technologie m'intéresse beaucoup malgré mon peu de savoir dans ce domaine.
-Et moi, j'vais rester peinard à la maison?
-Bah euh... Oui. À moins que je te traine encore dans mon sac et que tu ne fasses pas de bêtises.... *Ce qui m'étonnerait*

Gildas aimait énerver le monde autours de lui mais, il haïssait être seul. Ce qui est assez contradictoire comme comportement mais, c'est son choix et sa personnalité qui fait de lui un ami surprenant.

-T'inquiète pas, j'vais essayer de ne pas te déranger. J'vais même rapporter les notes du professeur! Ça pourra te faire un peu d'argent de poche. Héhé.
-Pense s'y même pas...

- De toute facon, ceux qui manquent le cours peuvent le rattraper sur Internet, donc personne ne les achèterait, a moins d'être un abruti fini.

Effectivement, certains des trucs qui pouvaient marcher pour se faire de l'argent dans le monde de Zaïrys étaient rendus inutiles a cause du progrès qui régnait sur ce monde. Cependant, d'autres voies s'ouvraient, a condition d'avoir assez de jugeotte. Elyäné avait multiplié les petits boulots et les emplois temporaires avant de finir ses études, et malgré sa pension d'invalide attribuée après la greffe de ses bras, il lui fallait se bouger un peu pour joindre les deux bouts. Toutefois, ca allait bien mieux maintenant.

-Malgré que ces notes pourrait être utile pendant un examen. Héhé.
-C'est ce que t'as fait pour passer des cours de guerriers?
-Pff... Une fois seulement. Il était difficile.

Je l'avait bien remit à sa place. Les notes de cours n'ont pas de prix. Il faut seulement être là au bon moment pour en profiter. Avec la technologie, c'était plus facile de se renseigner de nos jours, même si il y en as qui font pas d'effort pour l'utiliser d'une bonne façon instructive.

- Bah, j'ai triché aussi pour certains de mes projets. Suffit de flûter un peu le conseil de l'université et hop! Des crédits supplémentaires dans la poche!

Et vu la radinerie des conseillers, il fallait bien ca. Certains projets avaient vu leur budget doublé, voire triplé après qu'Elyäné ait ouvert son bec et piaulé un coup. A croire que c'était la première fois qu'un docteur s'énervait. Mais sans ca, nul doute que la Kay n'aurait jamais vu le jour et que Quirient se serait fait punir sur le long terme... Comme quoi, ca avait du bon de hurler.

-Ce n'est pas la meilleure méthode pour réussir dans la vie mais, ça apporte quand même son bénifice.
J'avais rarement triché dans ma vie. Même peut-être jamais car je me souvenais pas de situation où la tricherie était à l'oeuvre avec moi. Mais j'avais aidé quelques copains à l'école de magie à passer leurs examens un peu plus facilement avec des notes mais, je ne voulais pas être payé car c'était pour moi une sorte de vol. Reste honnête et le monde ne t'en voudra pas.

- Bon, on va peut-être bouger?

Attrapant et balançant dans le lave-vaisselle tout ce qui traînait sur la table a peine Effemmir avait fini de manger, Elyäné ne mit pas longtemps avant d'avoir débarrassé la table. Malgré qu'on soit le week-end, l'activité ne désemplissait pas. Sans doute parce qu'il n'y avait jamais eu de week-end sur Zaïrys pendant toutes les années de sa vie. Il fallait réagir au quart de tour en permanence. Ca marque, l'air de rien, d'avoir été militaire pendant une trentaine d'années de vie et 6 siècles de mort.

Encore la bouche pleine, Élyäné ramassa mon assiette et la mit dans une armoire à eau ou quelque chose comme cela. Ça lavait la vaisselle automatiquement. Bien pratique quand on as un horaire aussi remplit que celui de Ysabel.
Je me leva donc, enfila un shirt, des souliers et mon sac. C'était bien beau sortir d'ici mais pour aller où je lui demanda. Il y avait un tas de trucs à faire dans cette ville mais, ça ne veut pas dire que tout est amusant. Ça peut être aussi très moche.

- Le parc est superbe a cette période de l'année! C'est l'endroit rêvé pour se poser!

Après avoir débarrassé la table, Elyäné se rua dans la salle de bain pour prendre une douche et tout ce qui va avec, tout en n'oubliant pas d'emmener avec elle un de ses précieux costumes de marque qu'elle affectionnait tant. Vingt minutes plus tard, elle était prête. Et laissait la place a Effemmir, en espérant qu'il ne tombe pas en admiration devant le dentifrice, le sèche-cheveux ou le gel douche. Quoique, a y réfléchir, c'était plutôt marrant a penser.

Isabel était maintenant prête. C'était à mon tour. Je me dirigea vers la salle de bain. Je tourna le robinet de la douche puis embarqua à l'intérieur, déshabillé bien sûr. Je commença à me laver et savonner quand un bouteille attira mon attention. Je lis ce qu'il y avait dessus. Sham... Shampioun? Shampouin. À appliquer dans les cheveux pour une racine plus forte. Je n'y comprenais rien mais, ça vaux le coup d'essayer.
Je mis donc un peu de cette lotion bleuâtre dans ma main et commença à m'en induire dans les cheveux. Je trouvais ça assez idiot mais, bon. C'était quelque chose qu'il faudra que je m'habitue. Mais?! Aïe! Ça chauffe ce truc dans les yeux! J'essaya de rincer mes yeux et ma tête du mieux que je pouvais pour ôter cette foutu mousse.
En sortant de la douche, je me vis dans le miroir. Les yeux rouges. J'avais l'air d'un assoiffé de sang comme cela. Je me fis sécher les cheveux à la serviette puis me rhabilla et alla Ysabel. J'étais prêt à sortir. Même si les yeux me chauffaient encore un peu.

- Ah, tu as découvert les joies du shampooing! Rince-toi un peu les yeux et ça ira mieux si ça te fait trop mal.

Ah, la première fois qu'elle s'en était servi, les dieux savent qu'elle avait bien pleuré vu la dose qu'elle s'était flanqué dans les yeux. Heureusement, il suffisait en général de se faire avoir une fois pour que ça serve de leçon; et puis, se faire piquer les yeux pour avoir des cheveux en pleine santé et ne pas ressembler a un sauvage sorti de ses bois, ce n'était pas cher payé.

Je me rinça donc les yeux une deuxième fois. À l'eau très froide. Ça me donnait l'impression que mes yeux rapetissaient tellement le shampoing les avaient enflés et chauffés. Je me sécha le visage et me regarda dans la glace. Ils étaient encore rouges mais beaucoup moins pire que tout à l'heure. Je me repeigna un peu et enfila le manteau de cuir avec le signe nécromantique.

-Je suis prêt à y aller maintenant. J'espère qu'il y a pas d'autres produits comme ça dans ton monde qui ont une double personnalité.

- C'est comme tout : faut savoir faire attention quand on s'en sert. C'est pas plus idiot que quand on aiguise un couteau ou qu'on recoud ses chaussettes.

Effectivement, même sur Zaïrys, on pouvait se blesser avec les objets du quotidien comme les couteaux. En cela, l'Entre-mondes et Zaïrys avaient au moins un point commun, et la technologie n'empêchait pas les soucis d'importance mineure. Mais ca, ce n'était pas grand chose sur le fond et la forme. Attrapant son sac et fourrant les clés de sa moto et d'autres fourbis utiles, Elyäné invita Effemmir a la suivre d'un petit geste de la main, avant de s'arrêter.

- Gildas, tu veux pas venir?

-Ha bin je croyais que vous vouliez êtres seuls mais puisque que t'insiste.

Le fantôme s'approcha de moi avec un élan avant d'entrer dans l'une des poches de mon manteau. On pouvait toujours voir sa tête mais il avait encore assez de place vu sa mobilité phantoplasmique. Après, je suivis Ysabel de nouveau dans l'ascenseur et sur la moto, ne sachant où nous allions. La ville est tellement grande et nouvelle donc il n'y avait aucune possibilité pour moi de me faire une idée.

Le temps de faire deux ou trois pointes, Elyäné et ses deux passagers étaient arrivés au parc ou ils troquèrent leur véhicule contre la marche a pied. De une, parce que les véhicules a moteur étaient interdits dans le parc de la ville; de l'autre, parce qu'il était presque impossible de penser a admirer le paysage vu la vitesse et la nervosité de la conduite d'Elyäné. Encore une fois, celle-ci servit de guide a Effemmir jusqu'a un petit coin près d'une rambarde d'ou on pouvait admirer... Le sol.

- Aussi vrai que le ciel est bleu, nous sommes en ce moment a quinze mille pieds au-dessus du sol!