Macabres retrouvailles

-Au...Autant que ça?! J'en au des frissons à l'idée de tomber...
-Malgré que ça serait marrant de te voir aplati comme une crêpe sur la route plus bas.-Très drôle...
-Essayons!
-Quoi?!

Gildas me poussa mais avant que mes pieds passent la rambarde, il me ratrappa par le manteau et me ramena sur la terre ferme. Tout pour me flanquer une peur bleue.

-T'aurai pu me tuer si tu m'aurai pas rattrapé! Ça tourne vraiment pas rond dans ta tête!
-Oui! Et fier de l'être! Héhé!

Je donna une claque au visage de Gildas mais sa forme fantômatique ne fit que se déformer. Il continuait de me rire au visage mais je fini tout de même à accepter cette blague de mauvais goût et rendit un mince sourire.

-Dit-Élyäné, comment ça se fait qu'un parc soit aussi haut? Si on continue de monter, on pourrait peut-être toucher les étoiles ou bien se cogner la tête dans le ciel comme sur un plafond de maison d'hobbit.

- Et non! Car, aussi surprenant que ca puisse y paraître, le ciel n'est pas fermé! Il est IN-FI-NI!

A en juger par la tête d'Effemmir, nul doute qu'on n'avait pas encore découvert l'atmosphère et l'espace sur Zaïrys. Et Elyäné avait eu elle aussi beaucoup de mal a y croire, mais après avoir vu les appareils volants évoluer a la limite de l'espace, il fallait reconnaître ce qui est. Et en l'occurrence, cela ne la dérangeait nullement de savoir qu'elle volait a cinq mille mètres au dessus du sol en permanence.

- Quand a la ville volante, c'est un mix de magie et de technologie qui en sont a la base. Une structure rocheuse magique cumulée a des machineries situées sous la structure maintiennent la ville en l'air au même niveau 365 jours par an. Sans ces systèmes, elle tomberait peu a peu vers le sol. C'est la race dominante de coin qui a bâti ce système, et quand on voit qu'il s'agit d'êtres volants, cette cité leur convient parfaitement. En plus, on ne souffre pas du froid ou du manque d'air grâce a la magie des rochers. Le pied total!

J'étais sur le choc. Je regardais le ciel et le fait d'être aussi proche pour la première fois de ma vie, on dirait que mon esprit se perdait dans celui-ci. Je sentis un léger étourdissement mais je me secoua la tête pour éviter de tomber bêtement par terre. Je m'accouda sur la rambarde et regarda l'horizon.

-Est-ce que t'a déjà rêvé de pouvoir voler? J'ai déjà volé quelques fois et de vouloir sauter à une telle hauteur serait magnifique...
-Quoi?! Tu vole?
-Un sort que j'ai appris pendant mes temps libres sous forme de liche...

Je me retenais depuis tout à l'heure de sauter de l'autre côté de la barrière. Gildas aurait pu me laisser tomber et je me serais rattrapé mais avec bien plus de difficulté que si je suis bien préparé. Et le fait que je connaisais l'hauteur phénoménale de ce parc, la blague de Gildas ne m'avait pas vraiment fait peur. Sur le coup oui, j'ai eu peur mais il ne savait pas que je savait voler à l'aide d'un sort alors j'était plutôt heureux qu'il m'ait ratrappé à temps. Mais là, il pourrait me pousser et il s'en foutrerait.

- Euh, jouez pas aux cons, je vous prie. J'ai pas envie d'en repêcher un. Et j'aimerais bien que vous ne fassiez pas les cons des masses alors que mon "patron" est a quinze pas.

Elyäné avait dit ca en apercevant quelqu'un qui se dirigeait vers eux. Un grand homme, fort bien vêtu et d'une grande beauté, encore jeune, marchait vers Elyäné et ses collègues. Il n'était vraiment pas dur a repérer, en plus : deux énormes ailes blanches dépassaient dans son dos et traînaient un peu par terre, comme une sorte de cape. Deux pas derrière lui, une fille qui était a peu près de l'âge d'Effemmir, a peau violacée, yeux félins et épaisse chevelure noire en désordre, le suivait au pas militaire. Elyäné les reconnut illico : Azmof l'Immaculé et Ludmillia Rainhard. Probablement le meilleur duo chevalier/écuyer de Quirient, chacun étant assorti a l'autre a la perfection.

- Elyäné l'Elegante. Je ne pensais pas vous trouver ici, et pas en compagnie, de plus.
- Azmof, j'ai une vie en dehors de mon laboratoire, vous savez! Et je montre la ville a une ami ici présent. Effemmir, je te présente l'ange Azmof l'Immaculé, mon "patron" au sein de la hiérarchie du pays, et son écuyère, la vampiresse Ludmillia Rainhard.
Azmof, Ludmillia, permettez moi de vous présenter Effemmir Sheraga, un ami TRES proche que je viens de retrouver il y a peu.

*-Un patron avec des ailes de piaf et une suceuse de sang? Ça devient de plus en plus étrange ici...*
*-T'es mieux de la fermer ou je te bannis à 3 jours de torture mentale...*
*-On peut jamais avoir une opinion avec toi, pfff...*

Je ne savais pas qu'on se donnait des noms de noblesse ici. Élyané l'Élégante. Ça lui allait bien puisqu'elle fait si bien attention à comment elle s'habille. Je ne savais pas non plus si c'était bien de se serrer la main entre inconnu, surtout à une personne aussi importante... Je me contenta de pencher la tête en tant que révérence.

-Je suis enchanté de vous rencontrer.

L'ange avait une telle confiance en lui de la manière qu'il se tenait et je sentais presque une aura l'entourer. Pour ce qui est de la vampire, pour une raison qui m'échappe, elle semblait être une très bonne combattante.

- Très proche, hein? Je ne pensais pas que c'était votre genre, haha!
- Je pourrais en dire autant de vous et Lud.

Vu la façon dont Ludmillia levait les yeux en secouant la tête, ce n'était pas la première fois que ces deux la se chamaillaient. Le fait est que, malgré leur formalisme et leur rang, Elyäné et Azmof étaient a la limite de l'immaturité des fois. Deux grands enfants qui confondaient parfois la politique avec une cour de récréation. Mais le sens de la stratégie d'Azmov et l'intelligence d'Elyäné les rendaient indispensables a Quirient, c'est pourquoi on supportait leurs caractère. Même si, a en juger par la tête de Ludmillia, c'était pas toujours les jours facile.

- Maître Azmof, on va encore vous regarder de travers...

-C'est sûr avec la gueule d'endive que t'a...
*-Je t'avais prévenu.*

Je donna un coup de pied rapide vers Gildas, et lui, croyant à être à l'abri de tout, l'attendais presque avec un malin plaisir. Mais à sa surprise, le fantôme sentit la semelle dans son ventre avant d'être bousculé par dessus la rampe. Ces années passées à étudier comme un fou pour redevenir vivant ne m'a pas servit à rien en fin de compte... Il allait s'en remettre. Il est déjà mort.

-Ne vous inquiétez pas. Nous sommes aussi habitués de se faire regarder quelques fois bizarrement...

- Visiblement, vous avez réussi a vous y faire, vous.

Elyäné et Azmof étaient bel et bien partis dans leur trip et ne faisaient plus attention, ni a Effemmir, ni a Ludmillia. Par contre, elle, semblait de plus en plus dérangée au fur et a mesure que les deux s'enguirlandaient. A tel point qu'elle préféra s'écarter des deux pour se rapprocher d'Effemmir. Mais, a la seconde ou elle était a coté de lui, son expression passa direct de la lassitude a la méfiance. Tout en toisant Effemmir avec un regard mi-surpris mi-méfiant, elle se mit a renifler l'air ambiant tout en marchant a droite et a gauche, comme pour flairer une odeur. Au bout d'un moment, elle se rapprocha un peu de lui, puis un peu plus, et encore et encore. Tant et si bien qu'au bout de quelques minutes, Ludmillia était presque a renifler la peau du nécromancien, mais elle s'arrêta a ce moment la.

- Aussi vrai que le ciel est bleu, vous... Vous n'avez plus grand chose d'humain.

L'ange et Ysabel continuèrent à discuter ensemble et moi, j'avais la tête ailleurs imaginant l'expression sur le visage de Gildas la prochaine fois que je le verrai. La vampire me surprit en s'approchant de moi en me reniflant comme un chien cherchant une piste. Elle fini par arrêter et sortie une phrase à 10 cm de mon visage qui me surpris.

-Que... Que voulez-vous dire par là? Je travail avec la mort mais je ne le suis pas. Enfin, plus maintenant...

- Ne jouez pas a l'idiot. Je sens bien que vous n'avez d'humain que l'apparence. Et le reste... Je n'arrive pas a mettre de nom dessus.

Ludmillia n'avait pas lâché Effemmir des yeux, et il était presque marqué en grosses lettres dans les deux yeux dorés de la vampiresse "Tu m'inspires pas confiance".
Et vu qu'elle était tout a fait capable d'avoir reniflé qu'Effemmir n'occupait pas son corps originel... Enfin, le fait qu'il était une connaissance d'Elyäné le mettait partiellement a l'abri, car une personne de son statut social ne serait sûrement pas assez stupide pour fraterniser avec un ennemi ou une menace pour sa vie. Et c'est ce qui la décida a ne pas aller plus loin.

- Enfin, je suppose qu'on peut dire la même chose de moi.

-Je ne trouve pas. Vous êtes une vampire comme toutes vampires et ça ne me fait aucunement peur. Ce monde est tellement nouveau que aujourd'hui, quand je vois quelque chose d'inconnu, je ne me pose presque plus de questions dessus. Et vous avez l'air d'une personne de confiance de la manière que vous parlez à votre patron et que vous vous tenez avec lui. Comme des vieux amis...

Une pensée pour Isabel avait passée rapidement dans mon esprit et cela me fit baisser la tête quelques instants pour la relever tout en passant ma main dans mes cheveux, pour replacer quelques mèches qui volaient au vent.

-Avec vos sens, vous avez sentit que je n'étais pas une personne normale. Laissez-moi vous expliquer...

La lueur dans les yeux du vampire m'avait donné cet indice et son aura m'a donné la réponse. C'était comme voir dans l'esprit mais on laisse la personne nous révéler une partie de soi. J'expliqua donc à Ludmillia ma mort, mon errance sur les terres de Zaïrys en tant que liche, le passage ici avec le portail, ma rencontre avec Ysabel, le changement de corps et mon escapade de la prison. Cela prit une bonne quinzaine de minutes à raconter tout ça mais elle semblait vraiment intéressée.

- Effectivement, je comprends mieux pourquoi vous sentez la mort.

Au fur et a mesure du récit d'Effemmir, Ludmillia était peu a peu passée de la méfiance a l'étonnement, puis a la confiance. Ainsi, ce type avait quand même parcouru une route assez escarpée pour en arriver la ou il est. A vrai dire, il ne avait plus bavé qu'elle, et pourtant, Lud' n'était pas quelqu'un qui avait commencé a vivre en mode "Facile". Enfin, tout le monde avait ses petites difficultés. Mais bon, il est vrai que perdre sa femme et revenir sous forme de liche, ce n'était pas a la portée du premier venu.

- Quand a vous faire peur... C'est pas mon but. Sauf si vous vous attaquez a mon maître, auquel cas je vous éclate les vertèbres avec mes talons une par une.

-Héhéhé... Ça me rappelle quelqu'un. Je n'y toucherai même pas à votre maitre, je ne veux pas mourir une deuxième fois.

Je voulais désigner Isabel dans ma phrase. Elle était si protectrice comme cette vampire. Je sentis soudainement un esprit que je connais s'approcher.

-T'es vraiment un salaud, tu sais ça?
-C'était seulement pour rire.
-Très drôle. Je suis littéralement mort de rire.

Gildas était remonté du côté où il était tombé. Étrangement, il semblait ammoché malgré que ça soit un fantôme. Ces nouveaux sorts que j'ai appris sont vraiment spécials... Ça tombe bien que j'ai un cobaye que je peux faire confiance.

- Je vois qu'on s'est compris. Par contre, moi... Je ne crains pas le contact humain.

Cette petite "incitation" a la brancher n'était pas sérieuse. Ludmillia savait qu'elle attirait les regards, et vu le nombre de fois qu'Azmof lui avait démontré par A+B que être écuyère ne signifiait pas mettre son coeur a la poubelle, finir vieille fille ne la branchait pas vraiment. Et pour avoir connu la perte de ceux qu'on aime, Lud' savait qu'il valait mieux détourner la conversation vite avant que cela ne tourne au ressassage en masse. Aussi s'empressa-t-elle de faire semblant d'allumer Effemmir. Et puis, un nécromancien et une vampire, quoi de plus cliché? En plus, même revenu a la vie, Effemmir était loin d'être moche.

*-Et voila. Tu les fais toutes tomber. Je suis sûr que si tu te promènerais avec une pancarte "Je suis célibataire", ton carnet d'adresse serait plein.*
*-Non mais, tu va la fermer toi?!*

Je trouvais ça quand même ça provocant qu'elle me dise ça aussi ouvertement. Je m'étais un peu habitué d'entendre ce type de phrase avec Isabel mais cela fait plusieurs années qu'elle n'est plus. Repartir à zéro est dur. C'est surement pour cela que je rougis comme avant. Mais cette fois, j'eu un petit sourire accrocheur. Il y a déjà du progrès.

-Avez-vous beaucoup de temps libre à travers le boulot?
*Invite la donc dans ton lit tout de suite si c'est ça que tu veux.*
*T'es vraiment un boulet. C'est seulement une simple question. Ysabel peut être occupé beaucoup plus souvent qu'elle et de mon côté, passer la journée entière sur le sofa à regarder le miroir magique, c'est pas super. Alors au moins, si je me fais une amie avec qui discuter, je vais déjà moins m'ennuyer.*
*C'est ça... Et ça va finir comme Isabel.*

Un poing se forma. Je bouillais de l'intérieur. Lui mettre un bon pain dans le visage me tentai au plus haut degrée. L'entendre parler de la sorte d'Isabel m'était insupportable. Je réussi quand même à me calmer mais mon expression faciale après la phrase de Gildas à dû inquiéter Ludmillia.

- Hé, j'étais pas sérieuse a fond, le prenez pas mal!

Lud' avait occulté un détail malgré elle, c'est que Effemmir ne s'était pas simplement fait plaquer, il avait carrément enterré sa femme. Et cela, elle s'en rendit compte tard. Si ca se trouve, se faire allumer de la sorte par Lud' l'avait mis mal a l'aise, ou il l'avait carrément mal pris. Ce qui était normal, car malgré qu'ils soient du même âge et dans la même situation, Effemmir avait connu pire.

- J'voulais pas vous blesser, j'vous jure! C'est juste que... J'ai pas fait attention. J'vous ai considéré comme un type de mon âge normal.

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- Hé ben... J'espérais plus voir cela un jour : Effemmir qui va voir ailleurs.
- Comment cela?
- Ce type est un jour tombé amoureux d'une des plus jolies, mais aussi des plus puissantes femmes de mon monde natal. Trois mois après l'avoir rencontrée, il l'a épousée et il a vécu avec deux ans avant qu'ils ne meurent tous les deux. Quand je l'ai revu, ses sentiments étaient intacts comme au premier jour.
Alors le voir fricoter avec Ludmillia...
- Il est vrai que je n'ai jamais eu l'occasion de voir Ludmillia lancer autre chose a un homme de son âge qu'un bref regard. Mais, n'allez vous pas un peu loin?
- Je parie mon diplôme qu'avant six mois, Ludmillia est pendue a son cou et partagera son lit. Effemmir n'en a pas l'air, mais il sait s'y prendre avec les jolies filles.

-C'est moi qui devrait être désolé. Les morts devraient rester où ils sont. Dans la terre. Moi de même. Je suis surement déjà moisi à l'heure qu'il est... Normalement, on ne revit pas pour aller fricoter avec la première venue. On va voir sa famille, ses amis. J'ai rien vu de ça sauf Élyäné... Je suis vraiment égocentrique. Excusez-moi...

Je me sentis détruit de l'intérieur maintenant que je vu ma gaffe. Gildas est direct, même trop mais il m'avait bien remit à ma place cette fois. J'avais le droit d'être en colère contre lui mais ça serai stupide. Je me mis à marcher pour m'éloigner du groupe pour penser à tout ça.

*-Vraiment. Belle sortie. T'avait l'air d'un pauvre petit gars qui a tout le malheur du monde sur lui. Un peu plus et je pleurais. Si j'aurai eu des yeux.*
*-Ferme-là. Je te ne reconnais plus.*
*-C'est moi qui te reconnais plus. Depuis que tu a ce corps volé, tu semble tellement mieux dans ta peau. Comme si tout ton passé c'était envolé comme un tas de plume. Mais ça pèse comme un bloc de béton sur ton cœur...Je le sens... Et là, tu cherche une autre copine pour briser ce bloc pour te sentir vraiment libéré.*
*-Dit donc tout de suite que tu es jaloux que j'ai revis et pas toi!*
*-Oui! C'est vrai! Je suis le plus jaloux des mort-vivants dans ce pays! Élyäné veut me construire un robot pour que je puisse me sentir un peu plus vivant mais tout ça c'est de la camelote! Je ne serais jamais capable de manger, sentir ou d'aimer quelqu'un d'autre comme tu le refais à présent!*
*-Tu dis ça parce que tu veux avoir un peu le sentiment de se faire aimer. Toute ta vie, tu t'es battu comme un chien contre des vagues d'ennemis et c'est 550 ans plus tard que tu me dis qu'il serait temps d'avoir une petite copine?! T'es vraiment mal organisé.*
*-Ha et puis fait donc ce que tu veux. Va s'y, sort avec la vampire. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Mais il y aura toujours le mot "Fin" un jour ou l'autre.*

Je le sentis partir de mon esprit. Je ne savais plus quoi penser. Isabel avait été une femme extraordinaire pour moi. Mais la laisser comme rien ne s'était passé, je me sentais vraiment mal mais à la fois, j'avais l'énorme tentation de voir d'autre monde. Et puis, Ludmillia avait dit ça seulement pour s'amuser, je me suis fais bien assez de chichis comme ça. Je suis mieux de retourner près d'eux avant qu'ils s'inquiètent gravement.

-Désolé, j'avais un léger problème avec mon fantôme...

- Effemmir, je me mèle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais... Je pense que vous pouvez renouer avec quelqu'un sans avoir a renier ce que vous avez vécu.

Ayant la chance de cumuler la beauté a l'intelligence, Lud' n'avait pas mis longtemps a comprendre que Effemmir n'avait pas été blessé, mais plutôt tiraillé. Et cela se comprenait. Même en le connaissant depuis 5 minutes, nul doute qu'il devait vraiment être mordu de sa défunte pour réagir de la sorte.

- Même si je ne sais rien d'elle, je pense qu'elle serait heureuse de voir que la vie vous a donné une deuxième chance. Vous l'avez perdue, mais les dieux vous ont donné une occasion d'être heureux a nouveau.
Vous n'avez pas a rougir d'être heureux et de vouloir vivre a nouveau, mais vous... mais t'as pas non plus a tirer un trait sur ce qui s'est passé.

Enfin, c'est ce que j'en dis.

J'étais encore un peu confu mais au fur que Ludmillia disait son point de vue, je me dis que c'était du passé et je ne peux le changer, seulement m'en souvenir.

-Vous... avez raison. Je vais arrêter de m'en faire avec tout ça. Sa mort et l'arrivé dans ce monde m'a tellement boulversé que je pers l'esprit mais de vous entendre dire cela, ça m'a aidé. Merci.

Je lui fis un sourire sincère avant de reprendre la parole d'un ton plus heureux que tout à l'heure.

-Vous ne m'avez toujours pas dit si vous aviez du temps libre à travers votre boulot...

- Ouais. Tous les soirs. Et comme il n'est pas rare que maître Azmof et dame Elyäné travaillent ensemble, je pense que nous serons amenés a nous voir.

Ouf. Il n'avait pas non plus pris ses explications d'une mauvaise façon. Il était vrai que catapulter ses explications et son point de vue en plein visage comme cela aurait pu lui rapporter des ennuis. Face au premier péquin moyen, rien a balancer, il suffirait de lui casser quelques dents pour qu'il comprenne que ce n'était pas la peine d'insister. Mais la, pour UNE fois que ce n'était pas un gros lourd qui voulait la plaquer contre un mur ou se tailler une bonne tranche de rire aux dépends d'une femme vampire, valait mieux pas le laisser filer.

Je me contenta de sourire comme réponse. J'avais aussi pensé lui demander un numéro pour ce qu'on appelle ici un "téléphone" ou quelque chose dans le genre mais ce numéro me servirait à rien vu que je ne sais même pas me servir de cette machine à parler. Élyäné devrait l'avoir puisque c'est la seconde de son patron. D'ailleurs, j'espère qu'elle ne casse pas des vertèbres toute la journée comme elle le dit si bien.

-Et pendant le travail, votre seule tâche est de vous occuper de votre patron?

Ça ressemblait plus à un travail d'esclave mais beaucoup mieux payé. Enfin, c'est ce que je crois.

- "M'occuper" est un bien grand mot. Je fais juste office de secrétaire et de garde du corps. En contrepartie, il m'apprend la politique et l'art de la guerre afin que je devienne chevalier a mon tour, ou que je lui succède. Je ne suis pas non plus son esclave, héhé.

En effet, si un chevalier n'avait pas de famille ou de descendance a qui confier son titre a sa mort, c'est a l'écuyer que revenait le titre. Et Azmof ne semblait pas vraiment pressé de se marier, ce qui laissait a penser a beaucoup de monde que c'est Ludmillia qui hériterait de son titre, ce qui en ferait une des rares femmes a devenir seigneur chevalier, mais en plus, cela ferait d'elle le premier vampire a accéder a ce poste. Bref, une rareté.

-Ça doit donc être exigeant avec un patron aussi important que le vôtre...

Elle était donc une écuyère. Mais sans les chevaux et tout le transport des armes comme je connaissais. Mais je suis sûr qu'il y a une sorte d'écurie pour ces moyens de transports qui vont tellement vite. Le monde change mais pas tant que ça. La discussion avançait bien et c'était super. Il est peut-être temps de faire un deuxième petit pas. Je savais que c'était encore un peu tôt, je venais tout juste de la rencontrer mais m'essai quand même. Et si elle ne veux pas, on se reprendra une autre journée.

-Mais puisque vous êtes libre le soir, est-ce que ça vous dirait de venir manger un morceau à l'appart d'Ysabel?

J'ai fais la proposition sans vraiment penser à l'avis de la propriétaire. J'espère qu'elle voudra bien... et qu'il y aura quelque chose de potable dans les armoires.

- Et entreprenant avec ça! Mais j'ai un meilleur plan : c'est moi qui passe v... TE prendre. Elyäné l'Élégante ne voudra sûrement pas tenir la chandelle, haha!

Lud' n'avait pas mis longtemps a faire elle aussi son avancée. Même si pour le moment, cela relevait plus de la plaisanterie, elle serait bien capable de ne pas se défendre si Eff' lui sautait dessus. Du moins, quand ils auraient fait un peu connaissance. Eff' ne s'était sûrement pas voué a la chasteté et au célibat après sa mort et Lud' ne voulait pas finir vieille fille, donc...

-D'accord.

Ça m'arrangeait beaucoup qu'elle décide qu'on aille manger ailleurs. Ça m'évitera de négocier avec Élyäné pour avoir la place pour une petite soirée. Et puis, on sera un peu plus tranquille à discuter au lieu de faire la bouffe. À moins qu'elle m'amène chez elle mais bon, ça peut aussi bien être un resto. C'est elle qui prend les rennes de la soirée donc elle décidera.

-Et à qu'elle heure... tu viendra me prendre?

Elle m'avait tutoyé alors je me suis dit que ça mettrait à l'aise de faire de même.